en-avant-la-psychomotricite

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Qui sont les "machins"-thérapeutes

Psycho-thérapeutes, art-thérapeutes, musico-thérapeutes, grapho-thérapeutes, équi-thérapeutes...

 

Aujourd'hui, nous voyons le mot "thérapeute" associé à une infinité de préfixes plus ou moins flous. Si certains termes sont réservés à des personnes ayant fait une formation spécifique, cela ne signifie pas pour autant qu'ils ont une réelle profession de "thérapeute" (j'entends par là une formation médicale, paramédicale ou en psychologie).

 

ATTENTION! Tout ce qui est écrit ici vient de recherches de ma part et je donne mes sources. Si le but de cet article est de rendre attentif les patients, je tiens à préciser que EVIDEMMENT tout "machin-thérapeute" peut-être excellent et ce, quelque soit sa formation. L'objet de cet article est juste de permettre aux patients et à leurs familles de réaliser que des dérives sont néanmoins possibles.

Je crois que le problème a commencé avec le terme psychothérapeute : ayant trouvé un excellent article à ce sujet je vous met ci-dessous un extrait.

 

 

L’usage du titre de psychothérapeute au Journal Officiel : la protection des patients, la grande oubliée

par Esteve Freixa i Baqué - SPS n° 291, juillet 2010

 

Le décret portant sur la protection du titre de psychothérapeute a été publié au Journal officiel le 22 mai 2010. Ce titre sera réservé aux personnes titulaires de certains diplômes (soit un doctorat de médecine, soit un master ayant pour mention ou spécialité la psychologie ou la psychanalyse), et ayant validé une formation en psychopathologie clinique complémentaire à ce diplôme. Mais il ne sera pas réservé aux personnes pouvant se prévaloir d’un titre réglementé par la loi comme celui de médecin ou de psychologue1. En effet, le psychanalyste, dont l’appellation ne fait pas partie des titres ou qualités protégés, compte parmi les professions pouvant bénéficier de dispenses partielles pour cette formation en psychopathologie clinique. Moyennant une formation de 200 heures théoriques accompagnées de 2 mois de stage, assurée par des organismes pas forcément universitaires ni même publics, un psychanalyste non-médecin et non-psychologue, inscrit dans l’annuaire de la société psychanalytique à laquelle il appartient (après une simple analyse didactique2 dans le meilleur des cas3), pourra se prévaloir du titre de psychothérapeute.

 

Pour consulter l'article en totalité cliquez ici.

 

Actuellement, c'est la mode de la "machino-thérapie", comme je vous l'ai dit, n'importe qui colle n'importe quel mot devant thérapie et le tour est joué!

 

Mais est-ce un problème?

 

Vous allez croire que je joue avec les mots mais voici ce dont je parle aux familles de mes patients ou à mes collègues : j'utilise le mot médiation.

Une médiation c'est un moyen dont je peux me saisir pour aider mon patient à progresser selon les objectifs thérapeutiques définis. Ainsi je peux utiliser les médiations musique, eau, cheval, peinture, jonglage...

Mais en aucun cas je ne dirai que je fais de la musicothérapie, balnéothérapie etc.

C'est une question d'honnêteté : je n'ai pas de formation spécifique en musicothérapie, équithérapie et compagnie, en revanche, ma formation de psychomotricienne me permet d'utiliser des médiations.

 

"Oui bon ça revient au même non?"

 

Et bien NON!

 

Pourquoi? Tout simplement vis-à-vis des patients et de leurs familles.

 

Mettez-vous à leur place : vous vous baladez dans la rue et là vous tombez sur une plaque "médicale" avec écrit ART-THERAPEUTE.

 

Tient ça tombe bien! Vous avez une nièce porteuse de handicap qui adore dessiner, vous aller en parler à ses parents car ce thérapeute va sûrement faire des miracles!

 

Et bien il y a un véritable danger (et je passerai sur le mot "art" qui veut tout et rien dire : cinéma, photo, peinture, musique...?)

 

"Un danger?! Non mais tu en rajoutes un peu beaucoup!"

 

Malheureusement non! Et les premières méfiances et interrogations viennent du site de la Fédération Française des Art-Thérapeutes elle-même!

 

"De nombreux critères entrent en jeu pour le choix d’une formation, en fonction de la formation initiale du postulant : artistique, médicale, paramédicale, sociale, éducative, mais aussi de sa vie professionnelle, de ses besoins."

 

On voit ici que derrière un même terme professionnel, la pratique peut-être très différente : un médecin, un ergothérapeute, une assistante sociale... auront certainement des connaissances, une pratique et un regard différent... Cela n'est pas forcément un mal mais tous ces professionnels ne sont pas habitués à toutes les populations et il est préférable de se renseigner sur la formation initiale de son "art-thérapeute" avant de devenir son "patient" car certaines pathologies ou certains handicaps requièrent des connaissances spécifiques en psychologie, neurologie, anatomie...

 

De plus, la FFAT renseigne sur les différentes formations donnant droit au même titre :

  • Formations référencées par la FFAT.
  • Diplôme Universitaire : reconnu uniquement par l'université qui l'a délivré! De 60 à 1500 heures de formation selon les universités!!!
  • Master en Art-thérapie : reconnu par l'Etat et se déroulant en duex ans après une licence.
  • Certificat professionnel délivré par des organismes de formation privés dont CERTAINS sont reconnus par l'Etat!

Bref, on voit bien ici que Art-thérapeute ne signifie pas grand chose et qu'il faut bien se renseigner avant d'envoyer un proche chez l'un d'eux.

 

Graphothérapeute, la "bête noire" des psychomotriciens

 

Pourquoi tant d'amertume de notre part envers les graphothérapeutes? Certains nous accusent d'égo surdimensionné, d'oublier que si notre décret de compétences souligne notre rôle dans la rééducation du graphisme, nous ne sommes pas les seuls.

 

En effet, le premier à enseigner le graphisme est... l'enseignant (comme c'est étonnant!)

Lorsque l'enfant présente des difficultés voire un trouble réel, l'enseignant va alors l'orienter vers un spécialiste... et parfois à tort vers un graphothérapeute.

Pourquoi à tort?

Plusieurs professionnels entrent en jeu dans la rééducation du graphisme : orthophonistes, ergothérapeutes et psychomotriciens.

L'orthophoniste plutôt pour le tracé de la lettre, l'ergothérapeute plutôt pour l'adaptation du matériel (plan incliné, stylos spécifiques voire utilisation d'un ordinateur...) et le psychomotricien lui va plutôt repartir en arrière pour essayer de comprendre ce qui pose problème comme par exemple une mauvaise régulation du tonus.

 

Et le graphothérapeute?

 

Bon déjà j'ai du mal à trouver un organisme de formation... J'ai bien trouvé un site où il est mentionné que la formation peut se faire par internet avec un échange téléphonique via téléphone ou skype une fois par semaine et qui se finalise par un examen de 4 heures... 

 

No comment!

 

Voici un site dont il est intéressant d'analyser l'introduction (ici)

 

"La graphothérapie traite les dysgraphies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte

 

La graphothérapie est aussi appelée rééducation de l’écriture. Ici, il ne s'agit en aucun cas de thérapie par le graphisme mais bien de thérapie du graphisme.

Le graphothérapeute évalue le geste graphique sur le plan quantitatif et qualitatif. Il s'attache à restaurer une écriture qui peut être déficiente pour différentes raisons. Le but est d’amener l’enfant, l’adolescent ou l’adulte à se réconcilier avec l’écriture.

La graphothérapie permet de rétablir une certaine aisance et d’obtenir, par diverses stratégies, une écriture souple, lisible et rapide. 

 

Quel que soit le trouble, il est essentiel de faire écrire l’enfant car, sans écrire, l’apprentissage

de l’écriture ne se fera jamais et ce, d'autant plus s'il est appareillé d'un ordinateur."

 

 

Et là je dis "Ouch! Aïe! Ouille!"

 

"Mais pourquoi? Il est très bien ce texte!"

 

Oui ... Il fait illusion auprès de pauvres parents malinformés qui font confiance à ce genre de site!

Comment le graphothérapeute évalue-t-il le geste graphique? Et bien parfois avec un bilan... psychomoteur! Et là le bât blesse : le graphothérapeute n'a non seulement pas le droit d'utiliser un tel bilan mais surtout, il n'a pas la formation pour le faire passer et l'analyser.

 

Mais ce qui m'inquiète le plus c'est la dernière phrase :

"Quel que soit le trouble, il est essentiel de faire écrire l’enfant car, sans écrire, l’apprentissage de l’écriture ne se fera jamais et ce, d'autant plus s'il est appareillé d'un ordinateur."

Et oui là ça fait mal et pas à mon "égo" de psychomot' mais au patient! Il n'est pas essentiel de faire ECRIRE l'enfant! Il ne faut même surtout pas le faire écrire à "l'aveugle". Il faut d'abord un professionnel compétent qui cible la problématique : angoisse psychologique de laisser sa trace, refus de grandir, douleurs musculaires dues à une mauvaise régulation du tonus, douleurs neurologiques, immaturité psychomotrice, désorientation spatiale...

 

Je vais donc passer sur le rôle précis de l'orthophoniste et de l'ergothérapeute et parler de ce que je fais avec Robin (prénom modifié), 7 ans, qui présente une écriture illisible.

 

D'abord je ne me suis pas focalisée sur l'écriture et lui ai fait passer un bilan complet qui a appuyé le diagnostic de TDAH (entendez un enfant hyperactif), mais également démontré une désorientation spatiale et un trouble de la régulation du tonus.

 

Si je pars du principe qu'il est essentiel de le faire écrire c'est mon collègue psychologue qui va être "content" et le recevoir pour un blocage voire une phobie scolaire!

 

Donc non je ne vais pas me focaliser sur l'écriture et agir en trois points :

  • Favoriser l'orientation dans l'espace réel puis graphique : si le haut et le bas ainsi que la droite et la gauche sont confondus n'attendez pas de Robin qu'il produise des chiffres et des lettres dans le bon sens!
  • Permettre une meilleure régulation tonique par des jeux comme les quilles mais aussi par de la relaxation (formation de relaxation durant les trois années de mon diplôme d'Etat)
  • Développer le plaisir graphique par des activités de motricité fine et ludiques comme la création de masques, la peinture de Pokémons (oui il est fan et la motivation c'est important pour progresser!)...

Alors évidemment, certains graphothérapeutes ont de réelles compétences et connaissent leurs limites (comme tout professionnel de la santé devrait le faire) mais ce n'est malheureusement pas toujours le cas.

 

A nous tous de travailler en bonne intelligence, lorsque Robin aura progressé dans les domaines que je vise et qu'il sera prêt à travailler l'écriture en elle-même, je l'orienterai vers un professionnel plus adapté : orthophoniste ou ... graphothérapeute qui sait?

 



21/10/2015
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